Marion Levigne, infirmière en réanimation à l'Infirmerie Protestante, fait partie des soignants qui ont été sur le front de l'épidémie du COVID-19.

Son témoignage a été recueilli par le New York Times.

" 5h30, le réveil sonne. Une nouvelle journée qui commence. Elle sera différente des autres, c’est sûr. Parce qu’en réanimation, les journées ne se ressemblent pas, c’est ça qu’on aime. Mais depuis quelques jours, on aimerait qu’elles ressemblent un peu plus à ce qu’on connait. Habitués des quotidiens rythmés, aujourd’hui on peine à suivre la cadence. Des arrivées de patients qui s’enchainent, des intubations à la chaine, des familles en détresse, et nous aussi il faut gérer notre stress. La pandémie est là. On n’avait pas prévu de vivre un jour quelque chose comme ça. Et puis, au milieu de la tempête, des petits rayons de soleil : des dessins d’enfants, des chocolats, du matériel, des applaudissements et de la musique aux fenêtres, la multiplication de petites attentions. Et puis, au milieu de la tempête, nos premières victoires : Madame H. 86 ans, extubée, reprend son souffle qui lui avait tant manqué, Monsieur M. 62 ans, rentre enfin chez lui, pour le plus grand bonheur de ses filles. On a peut- être perdu nos repères, mais pas le sens du métier que l’on a choisi de faire. Je suis infirmière et j’en suis fière ".

L'Infirmerie Protestante tient à remercier tous ses soignants pour leur courage et implication sans relâche.

Photo : Nicola Vigilanti